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de la Provence, conserve encore de nombreux témoignages de la présence et du séjour des Sarrasins. Il n’est pas un laboureur, dont la bèche n’ait heurté quelquefois contre une des larges tuiles sous lesquelles reposent les cadavres des anciens possesseurs de ce pays. Si le voyageur, demande quelles sont ces ruines sur la montagne, femmes et enfants lui répondent : « C’est là qu’était notre village du temps des Sarrasins. » Dans les fêtes on danse au son d’un instrument sarrasin, le tambourin, et la danse mauresque n’y est pas oubliée.

99. création du duché de normandie, 912. — En même temps que ces étrangers se fixaient au sud, les Northmans, fatigués de leurs longues courses, prétendaient s’emparer aussi de quelque riche territoire, au nord. Charles-le-Simple, au lieu de les combattre, : aima mieux les avoir pour alliés ; il signa avec Rollon leur chef le traité de Saint-Clair-sur-Epte, par lequel il lui accordait la main de sa fille Gisèle, et toute cette belle partie de la Neustrie, située à l’embouchure de la Seine et le long des rochers du Calvados, que nous appelons maintenant Normandie, du nom même de ses conquérants. Rollon se fit chrétien et se reconnut sujet du roi de France. Mettant ses mains dans celles du roi, comme c’était l’usage en pareille occasion, il prononça cette formule : « Dorénavant je suis votre homme, et je jure de conserver fidèlement votre vie, vos membres et votre honneur royal. » Mais quand il lui fallut, comme le voulait encore le cérémonial, baiser le pied du monarque en signe d’obéissance, son orgueil se révolta. Ce puissant Rollon, dont la taille était si haute, dit la chronique, qu’il marchait toujours a pied, ne trouvant pas de cheval à son usage, refusa dé se soumettre à cette humiliante formalité. Comme on insistait, il fit signe à un de ses serviteurs, qui prit le pied du roi pour l’approcher de sa bouche, mais qui fort irrévérencieusement, le leva si haut que le monarque tomba à la renverse.