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la seconde croisade. Les premières armées de ce règne furent assez paisibles. Une courte guerre vint interrompre ce repos en 1142, et elle eut de funestes conséquences. Le roi ayant ordonné de mettre le feu à l’église de Vitry en Champagne, treize cents personnes qui s’y étaient réfugiées y périrent. Dévoré de remords, Louis crut expier ce meurtre en partant pour la Terre Sainte, et il entreprit la seconde croisade, de concert avec l’empereur d’Allemagne Conrad III. Ce fut saint Bernard qui prêcha cette croisade et qui fit prendre la croix à Louis-Ie-Jeune. Fondateur de l’abbaye de Clairvaux et de soixante-douze autres monastères, saint Bernard s’illustra encore par d’autres travaux apostoliques et par le zèle avec lequel il poursuivit les hérétiques, notamment Abailard, dont le nom est inséparable de celui de sa femme Héloïse, et dont les leçons attiraient des milliers d’auditeurs sur la montagne Sainte-Geneviève, à Paris. La seconde croisade ne fut pas heureuse. Les croisés, trahis par les Grecs de Constantinople, harcelés par les Musulmans et tourmentés par la famine en Asie-Mineure, attaquèrent vainement Damas. L’expédition n’aboutit qu’à un pèlerinage au tombeau de Jésus-Christ, et, après deux années de revers et de malheurs, les deux princes revinrent en Europe sans gloire et sans armée (1149). Mais ce qui fut plus funeste à la France, ce fut le divorce de Louis VII avec la reine Éléonore. Cette princesse avait accompagné son mari en Palestine ; elle lui donna de si graves sujets de plainte par sa conduite, que Louis sesépara d’elle après son retour en France (1152).

141. l’abbé suger. — Toutefois leur divorce n’eut lieu qu’apès la mort de Suger, abbé de Saint-Denis, ancien ministre de Louis-le-Gros, qui avait gouverné le royaume avec beaucoup d’habileté pendant l’absence du roi, et qui sut empêcher la rupture des deurt époux. Malheureusement pour Louis VIIe siècle, ce sage ministre mourut en 1151. Le roi et le peuple l’honorèrent en le nommant Père de la patrie, et son épitaphe, composée par un auteur du temps, attesta qu’avec lui étaient tombés