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de Flandre conserva son indépendance. La même année, la paix fut signée avec l’Angleterre, et Philippe restitua la Guienne à son rival Edouard Ier.

174. différend de philippe-le-bel et de boniface viii. — les états-généraux, 1302. — Philippe-le-Bel était engagé alors dans une lutte sérieuse contre le pape Boniface VIII, pour avoir voulu lever des impôts sur le clergé de France. Le légat s’y étant opposé au nom du saint-siège, Philippe le fit emprisonner. Le pape répondit à cette agression en excommuniant le roi. Celui-ci fit brûler publiquement la bulle[1]pontificale, qui contenait la sentence d’excommunication et songea à s’assurer l’appui de la nation ; il convoqua à cet effet la première assemblée régulière des Etas-Généraux. On désignait par ce nom la réunion des députés du clergé, de la noblesse et de la bourgeoisie ou Tiers-État[2], nommés par les membres de chacun de ces trois ordres. La réunion eut lieu le 10 avril 1302 à Paris, dans la nef de Notre-Dame. Les États prirent parti pour le roi et lui accordèrent de grosses sommes d’argent. Cependant un concile avait été convoqué à Rome par le pape. Philippe-Ie-Bel fit saisir le temporel des évêques qui s’y rendirent, et Boniface VIII, poussé à bout, excommunia de nouveau le roi, le déposa, et transféra la couronne au prince Albert d’Autriche. Les États, réunis une seconde fois en 1303, osèrent porter une sentence contre le souverain pontife, et l’assigner devant un futur concile. Guillaume de Nogaret, procureur du roi de France, se chargea d’exécuter la sentence qu’il avait provoquée, et d’aller avec Sciarra Colonna, ennemi personnel du pape, arrêter le vicaire de J.-C. Les deux agents de Philippe surprirent Boniface dans la ville d’A-

  1. On donne le nom de bulle (du mot latin bulla, qui signifie boule) aux actes émanés de la cour de Rome, et au bas desquels est suspendue par un lacet de soie une petite boule de métal.
  2. Tiers-État signifie le troisième état ou le troisième ordre de La nation ; les deux autres étaient la noblesse et le clergé.