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il n’est pas accoutumé : et c’est toujours malgré lui que je prends une voiture ou un omnibus pour faire les plus longues routes, et cela pour épargner notre bourse.

« Soyez donc mille fois bénis pour le sacrifice si chrétien, si généreux, que vous avez fait non pas à moi, mais au Seigneur, dont je ne suis que le misérable instrument et comptez sur mon éternelle reconnaissance et sur les soins que j’aurai sans cesse de votre cher Joseph.

« Je suis, avec respect et affection, votre bien humble serviteur.

M. I. Év. de l’île Vancouver »


Le docteur Painchaud partit du Hâvre vers la fin de l’année 1851. Mgr  Demers s’était embarqué avant lui. Les deux vaisseaux devaient se rendre à San Francisco. Mgr  Demers arriva en cet endroit le 7 avril 1852 et à Vancouver le 20 du même mois, mais le jeune Painchaud et deux prêtres missionnaires furent obligés de relâcher à Rio-Janeiro. De là, accompagné du R. P. Laroche, il se rendit à la Nouvelle-Orléans, avec l’intention de se rendre à San Francisco en traversant l’Isthme de Panama par la route de Nicaragua. Ils supprimaient ainsi un long voyage sur mer pour éviter le Cap Horn, mais ils couraient mille dangers et des fatigues incroyables. Il ne faut pas oublier qu’il y a soixante ans les moyens de communication dans l’Amérique n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui.

Le voyage fut des plus pénibles. On tenta de traverser la moitié du continent à dos d’âne ; mais le missionnaire ne put supporter les fatigues du voyage : il mourut en route.

Laissons parler ici la Notice :[1]

« Épuisé, à bout de forces, il (le missionnaire) fit de nouveau à Dieu le sacrifice de sa vie et expira entre les bras de l’infortuné Dr  Painchaud. Impossible de peindre la douleur de ce dernier, malade lui-même, infirme, éloigné de

  1. Cette notice sur le Dr  Painchaud fut publiée pour la première fois en 1883, par M. l’abbé H. Têtu, devenu plus tard Mgr  Têtu et aumônier général de la Société de Saint-Vincent de Paul de Québec, jusqu’à sa mort, 15 juin 1915. La notice a été reproduite dans les Noces d’Or de la Société de Saint-Vincent de Paul à Québec, 1897.