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Page:Magny - Les Souspirs, éd. Courbet, 1874.djvu/72

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SONET LIII.


Quand ie te voy, BIZET, avec ton Espagnolle,
Alléger doucement ton amoureux foucy,
D’un acueil, d’un baiser & d’vn riz adoucy,
Et quand en l’acollant ie voy qu’elle t’acolle:
 
Un tel brazier d’amour & m’eschaufe & m’afolle,
Que ie vouldroy soubdain la caresser ainsi,
Et vouldroy qu’elle encor me caressast aussi,
Et l’en prirois soubdain, mais ie crains la verole :
 
Mais ie crains la verolle, & la crains à bon droit
Hé dieux ! BIZET, hé dieux ! & qui ne la craindroit
Quand ell’ difforme tant & fait tant de dommage,

Du Riz en a la face & le corps afollé,
Quesnay en a le chef et le menton pelle :
Quels exemples plus grans vouldrois-tu davantage ?

SONET LIIII.

 
L’avoy fait de mes pleurs un fleuve spacieux,
Ou de fortune Amour par qui ie les distille,
Faillit de se noyer, car son asle mobile,
Moitte de cette humeur, ne sceust voler aux cieux.

Sans prendre long conseil, pour se garantir mieux,
Il feit de son carquois une barque subtille,