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Page:Magny - Les Souspirs, éd. Courbet, 1874.djvu/73

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Un mast feit de son arc à navrer tant habille
Et une voile feit du bandeau de ses yeux.

De la corde de l’arc des cordaiges il feit,
Ses traits d’or & de plomb pour auirons il meit,
Et de mille souspirs il feit enfler sa voile :
 
Et voyant ma Maistresse à l’heure sur le bord,
Il invoqua son aide, & parvint à bon port,
Ayant son oeuil divin pour Phare & pour estoille.


SONET LV.

O beaux yeux bruns, o regards destournez,
O chaults souspirs, o larmes espandues,
O noires nuicts vainement attendues,
O iours luyfsans vainement retournez:

O tristes pleints, o desirs obstinez,
O tens perdu, ô peines despendues,
O mille morts en mille retz tendues,
O pires maulx contre moy destinez:

O pas espars, o trop ardente flame,
O douce erreur, ô penfers de mon ame,
Qui ça, qui là, me tournez nuict & iour,

O vous mes yeux, non plus yeux mais fonteines,
o dieux, o cieux, & personnes humaines,
Soyez pour dieu tesmoins de mon amour.