Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/117

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toujours qu’il vous amputât de quelque membre.

— De quoi s’agit-il ?

— D’une jeune fille, bredouilla le médecin, un peu démonté, une de mes clientes… secousse nerveuse… graves désordres cérébraux. Diagnostic fort délicat… J’ai pensé au grand savant qui… que… enfin, à celui dont les sublimes travaux…

— Peuh ! interrompit de nouveau le professeur, en répétant son geste, laissons les généralités. Examinons les particularités du cas.

— Ce qui m’inquiète, dit le médecin, c’est que la malade qui, au premier abord, semble maintenant complètement remise de son émotion, ne présente aucun symptôme de dérangement cérébral. Elle paraît jouir de toute sa raison, et il en est ainsi sur presque tous les points, sauf un seul, qui tourne à l’idée fixe. Elle prétend avoir entendu parler un singe.

— Parler un singe ! s’exclama le professeur Fringue, qui subitement, devint pourpre.

Le docteur Clodomir, discrètement, avança sa chaise et se pencha davantage vers le médecin.

— J’ai essayé, reprit celui-ci, de faire comprendre à la malade qu’elle avait été victime d’une hallucination ; que ce souvenir n’était qu’une impression de cauchemar, persistant dans la demi-lucidité du réveil. Or, je n’ai pu parvenir à la persuader, elle s’obstine, elle affirme. Et c’est en quoi…

Mais le professeur Fringue n’écoutait plus les minutieuses explications du médecin. Au beau milieu d’une phrase, que ce dernier estimait visiblement lapidaire, tant il mettait de complaisance à la détailler, l’apôtre du scalpel s’écria brusquement :

— Comment s’appelle votre malade ?

Mlle Sarmange, répondit le médecin, de nouveau déconcerté mais trop au courant des