Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/123

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— C’est bien difficile, chère demoiselle, bien difficile. Vous ne comprendriez pas… D’ailleurs, il faudrait auparavant que je voie le… monsieur… enfin votre…

— Roland ? le vrai Roland, celui qui pense et qui se souvient ?… Oh ! docteur, on l’a repris… comme une bête !… comme une bête !

Elle éclata en sanglots nerveux, ce qui acheva de jeter le désarroi dans l’esprit du professeur Fringue.

— Calmez-vous, ma chère demoiselle, calmez-vous ! supplia-t-il, en s’agitant sur sa chaise… Certainement, la situation est… comment dirai-je ?… anormale, pénible même. Il est indiscutable que ce… ce malheureux doit être traité… enfin, doit jouir de la liberté… ne saurait être considéré comme une bête…

Peinant et s’épongeant comme un candidat peu ferré devant un examinateur impitoyable, le professeur Fringue s’embrouillait dans ses explications.

— Bref, il faudrait le tirer de là, conclut-il.

— Comment faire ? gémit Violette, en joignant ses mains pâles. Oh ! docteur, conseillez-moi. Dois-je avertir mes parents ? Ils ne voudront pas croire. Il faudra votre témoignage.

— Gardez-vous de l’invoquer ! s’écria vivement le professeur. Je dois vous recommander le silence… dans l’intérêt même de M. Roland. Songez à la curiosité que vous déchaîneriez si vous parliez. Il en serait la proie… la victime. Ce serait fini de sa liberté. Les savants le réclameraient… Vous n’imaginez pas ce dont ils seraient capables !… Il s’agit d’un cas tellement… tellement en dehors de tout.

Violette écoutait avec terreur.

— Que faire ? répéta-t-elle.

— Écoutez, dit le professeur Fringue, il faudrait d’abord obtenir de l’homme, du propriétaire du singe qu’il lui rende la liber-