Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/124

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… Je me chargerais volontiers des négociations. Malheureusement, je crains que cela ne nécessite une somme importante, hors de mes moyens…

— Je comprends, dit la jeune fille, il faut d’abord racheter Roland.

— Il faudrait… évidemment, il le faudrait, dit le savant, en tourmentant derechef son menton. Mais le propriétaire sera exigeant.

— Ne vous inquiétez pas de cela, docteur, répliqua Violette, d’un ton de résolution énergique. Roland sera libre. Je m’en charge.

— La question demande à être examinée prudemment, ma chère demoiselle. Nous ne pouvons oublier… la forme… la forme actuelle de… de la personne qui nous intéresse. Or, le public n’étant pas dans le secret, il serait téméraire, il serait chimérique de prétendre assurer à… cette personne… une entière liberté de mouvements. Il faudrait au moins, près d’elle, une apparence de tutelle… une sorte de répondant…

— Oui, vous avez raison, docteur.

— Supposons ces difficultés résolues. Verrez-vous le… la personne ?

— Je la verrai, dit Violette d’un ton fermé.

— Eh bien ! il faudrait… l’engager… à venir me trouver… J’ai des choses à lui dire… des choses sérieuses…

— Oh ! docteur, Roland ira certainement vous trouver quand il saura que vous pouvez lui expliquer ce qu’il ne comprend pas.

— Ce qu’il ne comprend pas ? répéta le professeur, subitement effaré.

— Sa transformation.

Le savant regarda Violette avec effroi.

— Il vous a dit… qu’il ne comprenait pas ?

— Il me l’a dit, docteur… Et il souffre de ne pas comprendre… Mais, vous pourrez lui expliquer, n’est-ce pas ?

Cette souffrance devant l’incompréhensible, il semblait bien que le professeur Fringue la ressentît à cet instant. Lui aussi frôlait un mystère effrayant et rien qu’à en voir