Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fait le quinze ? Quel est votre dernier souvenir ?

— Mon dernier souvenir ? prononça le gorille. Il est précis. J’étais à Fontenay, dans le jardin de la villa des Roses. J’attendais, assis sur un banc…

— Vous y êtes ! clama le professeur, à Fontenay… villa des Roses… C’était nous que vous attendiez.

— Vous ? fit le gorille avec stupeur.

— Nous !… pour… l’expérience…

— L’expérience ?

— L’opération… votre transformation… Rappelez-vous. Il est impossible que vous vous souvenez de certaines choses et point d’autres qui se passaient dans le même moment.

— Opération… transformation… répéta le gorille, avec un effroi grandissant. Que voulez-vous dire ? Êtes-vous pour quelque chose dans ce qui m’arrive ?

— Il ne se souvient plus, docteur Clodomir ! N’est-ce point effrayant ? cria le professeur Fringue, en levant les bras au ciel. Dans quelle situation sommes-nous ? Il a oublié sa volonté… Et c’est lui… lui ! qui vient nous demander à nous… à nous ! ce qui est arrivé…

— Oui, dit ardemment l’homme-singe, je vous le demande…

— Et pourquoi ? pourquoi ? Voilà qui est terrible, Clodomir. Il a oublié pourquoi.

— J’ai oublié !… J’ai oublié !… gémit le gorille, avec un redoublement d’angoisse, en passant sa main sur son crâne douloureux… Oh ! qu’ai-je oublié ?

— Voilà la question, fit le professeur Fringue, en proie à une perplexité visible… Je lui dois la vérité !… C’est évident.

Le docteur Silence haussa imperceptiblement les épaules.

— Parlez ! supplia le gorille. Délivrez-moi de cette obsession. Comment suis-je devenu un singe ?

— Eh bien ! voilà, commença le professeur