Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’homme n’avait qu’à placer brusquement sous votre nez le flacon débouché. Instantanément, le produit volatil qu’il contenait a pénétré par Vos narines et arrêté le fonctionnement de votre cerveau. Vous étiez assis près d’un bouquet d’arbres ?

— Oui.

— L’homme à donc pu s’y cacher et s’approcher derrière vous, sans que vous deviniez sa présence.

— Mais, pourquoi moi ? s’écria le gorille avec une expression déchirante. Qui m’a choisi ? Quel motif guidait le monstre qui a résolu cette action abominable ?

— Peu facile à déterminer, répliqua le professeur. Pour le mal, la variété des mobiles humains est infinie. D’abord, que visait-on ? Vous ou nous ? Désir de nuire ou mystification ? J’entrevois une troisième hypothèse : l’homme reculant devant l’expérience souhaitée et vous poussant à sa place.

— Non, fit le docteur Silence, en secouant la tête.

— Parce que ? demanda le professeur.

— Préméditation, expliqua brièvement le disciple.

— Ah oui !… le nom de Roland Missandier, mis en avant, dès la première entrevue…

— Il y a eu d’autres manœuvres, dit l’homme-singe, celles qui m’ont amené là où vous m’avez trouvé… Oh, je vois la trame, maintenant. C’est bien moi qui étais menacé.

— Alors ? interrogea le professeur, en se tournant vers le docteur Clodomir.

— Crime ! conclut celui-ci avec une parfaite sérénité.

— Crime dont vous êtes les complices, s’écria impétueusement Roland.

La révélation de la vérité l’emplissait de fureur davantage encore ; il bouillonnait, sentant monter en lui de nouvelles indignations et de nouvelles révoltes. Il ne s’agissait plus d’un pouvoir surnaturel, le touchant au front de sa dextre mystérieuse mais d’une volonté