comment fonctionneront-ils ? En un mois, je ne puis répondre à la première.
— Le meilleur moyen d’avoir une réponse à la seconde, c’est de laisser les individus nouveaux évoluer librement dans leur milieu.
— Mais, je voudrais observer…
— Vous observerez… de loin… discrètement sans trahir auprès des profanes le secret des deux êtres. Sur ce point, je veux avoir de vous une promesse formelle.
— Vous l’aurez.
— Bien. Il vous sera facile de suivre l’homme dans la vie. Quant à l’autre…
— Celui-là surtout m’intéressera.
— Eh bien, vous pourrez aussi le revoir de temps à autre. Concluons, docteur. Vous allez vous tenir prêt. Un soir, bientôt, une voiture viendra vous prendre et vous amènera chez moi, où vous trouverez le nécessaire.
— Le docteur Clodomir sera du voyage. Sa présence m’est indispensable.
— C’est convenu. Autre chose : c’est en quelque sorte un suicide que je médite, une sorte de mort volontaire, car, quelle que soit l’issue, mon individu départagé ne sera plus. Tel que je suis à cette heure, je ne me verrai plus. Il me plaît de disparaître dans le calme et dans un cadre de mon choix ; je veux autour de mois la solitude, un tête-à-tête avec ma pensée et ma volonté, et non point les apprêts d’une opération. Vous me trouverez donc déjà endormi, sous l’influence d’un anesthésique que vous allez m’indiquer.
— Sans doute, sans doute, fit le professeur Fringue, un peu interloqué. J’admets, je comprends votre désir… je crois le comprendre. Et il est possible de le réaliser, n’est-ce pas, docteur Clodomir ? Oui… cela est possible, et même peut-être préférable à un certain point de vue. Qu’en pensez-vous, mon petit Silence ?