Aller au contenu

Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

doigts agrippés à la manche du jeune savant, qui souriait.

Au milieu du silence, un choc ébranla la porte, puis un autre, qui fut suivi d’un craquement.

— Il entre !… cria le professeur Fringue, en saisissant un scalpel… « Iron Jaw » a peur.

Il montrait le molosse qui, le poil hérissé, reculait en grondant sourdement, tout son corps agité d’un tremblement convulsif.

Le gorille parut dans l’encadrement de la porte. Une plaie béait au-dessus de son épaule gauche, formant une fâche noire et rougeâtre, faite de poils emmêlés et collés de sang déjà coagulé.

Ses yeux, dans lesquels brillait un feu sombre, se fixèrent sur le professeur qui, retranché derrière la table, serrait entre ses doigts le scalpel.

— Vous m’attendiez ? dit-il.

Le docteur Clodomir le considérait curieusement. Il avança vers lui, sans manifester la moindre appréhension et toucha du doigt la plaie.

— Blessé ? Coup de feu ? demanda-t-il.

— Ce n’est rien, répliqua le gorille. Tout à l’heure, cela importera peu… aussi peu que le reste, ajouta-t-il en faisant un pas dans la pièce.

Sans insister, le jeune savant recula jusqu’à la muraille et s’y adossa, les bras croisés.

Le professeur n’avait ni bougé, ni prononcé une parole. Pétrifié dans son attitude défensive, il semblait une statue de la terreur.

— Causons, dit l’homme-singe, avec une expression sardonique. Je désire avoir votre opinion sur un point délicat. J’ai affaire à deux savants honorables et passionnés de vérité, à des âmes d’airain qui ignorent les faiblesses humaines. Je pense qu’aucune considération n’altérera la sincérité de vos réponses.

— Aucune, prononça fermement le docteur Clodomir.