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Le Corse éclata de rire.

— Décidément, mon cher, acheva-t-il, vous me prenez pour un tigre.

Tant de bonne humeur ! Le banquier était aux anges.

— Excusez-moi, dit-il, cette situation m’ennuyait tellement… Je craignais tant un malentendu… des froissements…

— Je ne suis pas un gamin, mon cher. Je sais comprendre… D’ailleurs, tous les torts viennent de moi. Au lieu de me lancer à l’aveuglette et de vous poser la question tout à trac, j’aurais dû m’informer, vous sonder… Vous m’auriez sûrement parlé des liens qui existent entre Mlle Violette et votre pupille.

— Ma foi ! déclara le banquier avec une naïve bonhomie, c’est une si vieille histoire que je me la figure connue de tous. Il me semblait que cela sautait aux yeux. Je considérais tellement Roland comme un fils… J’ai dû tellement vous en rabattre les oreilles…

— Précisément. C’est ce qui causa mon erreur. Je le considérais comme le frère de Mlle Violette… Oublions cela. J’ai fait une gaffe.

— Mais non ! mais non ! protesta aimablement Flavien Sarmange.

— Si !… Le mieux est de l’enterrer et de passer l’incident au compte des profits et pertes. Après tout, nous sommes des banquiers.

— Pour lesquels il est, heureusement, d’autres joies que celles du cœur et d’autres préoccupations que les questions de sentiment.

— Comme vous dites, celle-ci est liquidée. En ce qui me concerne la balance est passive. Je solde et j’efface.

— Avouez que c’est moins pénible qu’un krach à la Bourse, fit en riant le banquier.

— J’avoue. Sur ce, parlons et pensons à autre chose.