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Se relevant, il prit une chaise et s’assit près de Violette ; puis, penché vers elle et tenant ses mains entre les siennes, à voix basse, il parla.

Il parla longtemps et, sur le visage de la jeune fille, de l’effroi se peignit, un immense effroi.

Quand ce fut fini, Roland se leva. Silencieuse, Violette l’imita et lui tendit sa main qu’il porta à ses lèvres.

— Au revoir ! Courage ! fit-il.

— Au revoir, murmura-t-elle, en étouffant un gros soupir.

Elle l’accompagna jusqu’auprès de Mme Sarmange.

— Mère, Roland part, dit-elle d’une voix dolente.

— Ah ! fit la bonne dame, en relevant la tête, puis en la rabaissant pour embrasser la joue que le jeune homme lui présentait. Bon voyage, mon enfant !

Il sortit sans se retourner, pour ne pas emporter l’image de Violette désolée.

Rentré chez lui, il ouvrit un secrétaire, s’assit devant, en tira des papiers qu’il lut longuement, avec une attention profonde ; puis, il les classa soigneusement et les enferma dans un portefeuille qu’il glissa dans la poche intérieure de son gilet.

Ce travail achevé, il s’étendit dans un fauteuil et réfléchit, en fumant. De temps à autre, il regardait sa montre. Des heures passèrent ainsi.

Enfin, il ressortit, gagna à pied un restaurant, dîna sans se presser et flâna ensuite le long des boulevards, en fumant un cigare.

À onze heures du soir, il prit un taxi-auto et dit au chauffeur :

— Fontenay, route de Châtillon, villa des Roses. Un louis de pourboire.

Ça colle ! répondit joyeusement le chauffeur en descendant de son siège pour tourner la manivelle.