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rivassent les lettres promises par Roland. Elle avait caché son inquiétude pour éviter des questions auxquelles il ne lui serait pas permis de répondre.

Mais c’en était trop, à la fin. Les paroles de M. Sarmange avaient provoqué une crise. Et maintenant, détendue. Violette sanglotait.

Navré, furieux contre lui-même et presque contre Roland le banquier se reprocha son imprudence. Il s’empressa, bougonna, essayant maladroitement de réparer.

— Voyons ! Voyons ! fit-il, en tapotant les bras de sa fille, il n’y a rien de cassé. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Si quelque chose était arrivé, nous le saurions. Un beau jour, ton fiancé va nous tomber dessus sans crier gare, et nous aurons l’explication du mystère.

À ce moment, un domestique entra dans la salle à manger, où la famille achevait de déjeuner. Il portait une dépêche sur un plateau qu’il présenta à Violette.

— Pour mademoiselle, prononça-t-il d’une voix onctueuse.

La jeune fille pâlit. Ses doigts tremblèrent en s’avançant pour prendre la dépêche.

Rapidement, le banquier prévint son geste et s’empara du pli azuré.

— Laisse ça, bougonna-t-il. Tu es trop impressionnable.

Nerveux lui-même, il déchira l’enveloppe, déplia fébrilement et lut.

Sa physionomie s’éclaira. Il poussa une exclamation triomphante.

— Que disais-je ?… Il arrive !

— Il arrive ?

Haletante, Violette s’était redressée. Elle tendit la main vers le télégramme, que son père lui abandonna.

Il contenait ces mots :

« Affaire terminée. Reviens. Soyez gare de Lyon trois heures, train 106. — Roland. »

— Ah çà ! mais il a perdu le sens !… grom-