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qua que la posture bizarre du jeune homme.

En l’apercevant, elle avait couru vers lui d’un élan instinctif. Mais, à deux pas de lui, elle s’arrêta, gênée, inquiète.

— Roland ! appela-t-elle, à demi-voix.

Il ne parut pas l’entendre ni la voir et continua à promener stupidement autour de lui son regard craintif.

— Roland ! répéta Violette d’une voix angoissée, en faisant un nouveau pas vers lui. Qu’avez-vous ? Que vous est-il arrivé ?

Instinctivement, elle étendit son bras et toucha légèrement celui du jeune homme.

Au contact, il poussa un grognement et sauta brusquement à terre, en faisant mine de s’enfuir.

Stupéfaite, la jeune fille s’élança derrière lui et le saisit par le bras.

— Où allez-vous, Roland ? Êtes-vous souffrant ? Parlez-moi, je vous en supplie !

Inquiète aussi, Mme Sarmange avait saisi l’autre bras du jeune homme et les deux femmes le considéraient avec une sollicitude effrayée.

Se sentant arrêté, Roland Missandier se retourna et tira pour se dégager. D’abord, une fureur subite contracta ses traits ; mais à la vue des deux femmes qui l’encadraient, il se calma et parut les considérer avec un étonnement craintif. D’ailleurs, aucune lueur d’intelligence n’anima son regard ; il ne sembla point se rappeler les avoir jamais vues.

Ce fut à ce moment que Violette rencontra ses yeux.

— Oh !… cria-t-elle, saisie d’un tremblement convulsif.

Des passants se retournèrent et s’arrêtèrent, frappés de l’expression égarée du visage de Roland et de son attitude étrange. Ils chuchotèrent, échangeant des réflexions.

Quelques mots parvinrent aux oreilles de Mlle Sarmange.