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Mais, la certitude morale n’est point la certitude scientifique. Et, pour conclure, mon petit Silence, il faudrait que nous puissions étudier nous-mêmes, voir de nos yeux comment ces organes se comportent dans les milieux, en somme, étrangers. Pourquoi cet homme a-t-il disparu ? Qu’en a-t-on fait ? Nous devions le revoir.

Le professeur tapota la table d’un air agacé. Puis, tout à coup, il reprit :

— Mais, je regrette surtout l’autre… Celui-là pouvait être un merveilleux collaborateur. Il nous devait la notation exacte de ses sensations. Ah ! il avait un beau rôle à jouer !… Un bien beau rôle !…

Fringue soupira profondément. Silence aussi.

— En somme, docteur Clodomir, nous avons eu tort de nous rendre à son désir et de respecter sa personnalité dans sa forme nouvelle. L’intérêt de la science exigeait que nous le séquestrions.

Sans sourciller, le jeune savant admit cette nécessité. Même, il observa :

— Peut-être est-il encore temps.

Le professeur s’agita dans son fauteuil.

— Et où le prendre ? Où est le singe, docteur Clodomir ? clama-t-il, en lui jetant des regards désespérés.

— Là ! dit Silence, en abaissant son doigt sur l’article de la revue.

— Peut-être. Qui sait ? Comment faire ?

Le docteur Silence regarda bien en face son vieux maître et articula discrètement :

— Allons voir.

Telle était la raison qui amenait les deux savants aux Folies-Olympiques.

Mais, il y avait une autre présence, dont les gens au courant de certaine tragédie douloureuse eussent pu s’étonner également ; c’était celle de Violette Sarmange.

Le noir de ses vêtements, sa figure pâle et triste, sous l’éblouissement des cheveux