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— Il est certain qu’il doit se trouver quelque part…

— Puisqu’il nous a échappé…

— Sa pensée doit certainement être humaine.

Le regard du professeur Fringue retomba sur les pages placées devant lui.

— Les revues !… sourit-il.

— Les savants !… fit le docteur Silence, du même ton et même air.

Ils prolongèrent quelques secondes leurs sourires, également sarcastiques.

— Mais, est-ce lui ? reprit soudain le professeur, devenant soucieux.

— Voilà la question ! mima le geste de Silence.

— En somme, c’est une expérience incomplète… à laquelle manquent, tout au moins, les observations postérieures… Nous n’avons pas revu l’homme…

De la tête, le docteur Clodomir acquiesçait.

— Il a disparu… « L’autre, » aussi, poursuivit le professeur. Cela ne témoigne pas d’un grand souci de la science. Cela confirmerait votre hypothèse, docteur Clodomir.

Contrairement à ce qui eût dû être, ce dernier n’approuva point. Sa mine se fit dubitative.

— Non ! proféra Fringue, avec une grande énergie. Cette conduite n’est pas loyale. Jusqu’à un certain point, nous jouons un rôle de dupes… Nous avons eu la peine et nous n’aurons pas l’honneur. Pouvons-nous parler d’une expérience dont nous ignorons les suites et qui a tout juste la valeur d’un miracle chirurgical ?

Cette fois, le docteur Silence approuva sans réserve, en secouant nettement la tête.

— Car elle avait admirablement réussi, soupira le professeur. Je parle au point de vue médical. Les malades étaient en bonne voie de guérison. Je suis moralement certain qu’ils sont guéris à l’heure qu’il est.