Page:Magre – Conseils à un jeune homme pauvre qui vient faire de la littérature à Paris, 1908.djvu/33

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les portes qui s’ouvrent quand tu montes l’escalier, les fenêtres qui sont en face des tiennes, la boutique derrière les vitres de laquelle rêve peut-être un visage charmant. En choisissant ta chambre, tu as décidé de ta vie sentimentale, car pour une femme ordinaire le prestige d’être un voisin est plus grand que celui d’être beau ou illustre. Souviens-toi, du reste, que ceux qui passent leur temps, à chercher des femmes n’en ont guère plus que ceux qui ne s’en occupent pas.

Prends souvent le métropolitain. Ce lieu est favorable à des rencontres fortuites. Est-ce le sentiment de la vitesse, l’air irrespirable, la chaleur, la proximité des corps ? il n’importe ! Mais le regard des femmes est plus bienveillant qu’ailleurs, les moyens d’entrer en conversation sont plus aisés.

Évite les grands magasins : on y fait des achats. Ne crains pas d’offrir le thé et les gâteaux : Tu seras un homme distingué.

Si tu invites à dîner, parle de suite d’un curieux petit restaurant où il y a des peintres et où la cuisine est exceptionnelle. Tu peux alors aller chez n’importe quel modeste marchand de vins dont les prix sont en rapport avec tes ressources. Il te suffira de demander en entrant si M. Willette n’est pas venu ce soir, pour parer cet endroit, aux yeux de ta compagne, de tout le charme de la vie des artistes.

Ces sortes de liaison commencent dans les fiacres.