Page:Magre – Conseils à un jeune homme pauvre qui vient faire de la littérature à Paris, 1908.djvu/34

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Elles sont éphémères comme une course à deux francs l’heure.

Il vaut mieux. La vie à deux sans argent est un abîme de tristesse, même quand on aime. Sacrifie l’amour dès l’origine. Il te paralyserait, limiterait ton action et tu le verrais mourir tout de même, à cause des draps qu’on ne change pas assez souvent, de l’odeur de la cuisine qu’on fait chez soi, du repas pris parmi tes livres, à cause de cette rancune qu’engendre la pauvreté à deux.

Reste seul, travaille davantage, applique-toi à conquérir les hommes, ce qui est bien plus important que de conquérir les femmes.

Et dis-toi qu’il y a, avec une immense mélancolie, quelque douceur pourtant, dans le souvenir d’une main qui t’a échappé sans t’avoir donné toute sa chaleur, dans le souvenir d’un beau et cher visage disparu…