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Madame DIEULAFOY


Jeanne-Paule-Henriette-Rachel Magre naquit à Toulouse le 29 juin 1851. Élevée au Couvent de l’Assomption, à Paris, elle épousa à dix-neuf ans, le 11 mai 1870, Marcel Dieulafoy, ingénieur des Ponts et Chaussées. Quelques mois plus tard, la guerre éclatait. Cette toute jeune femme — presque une enfant — révéla tout de suite son extraordinaire énergie. Aux côtés de son mari, combattant dans l’Armée de la Loire, elle prit part à la campagne et s’y montra pleine d’endurance et de vaillance sous le costume masculin auquel elle s’accoutuma pour longtemps. Plus tard, les voyages lointains et périlleux se trouvèrent facilités par ce commode habillement. Telle est l’origine, si simple et si noble, d’une habitude qui contribua aussi à faire de Mme Dieulafoy une figure populaire dans la société parisienne. On pouvait saluer bas sa redingote et sa boutonnière rouge : elles symbolisaient une carrière que peu d’hommes eussent été capables de fournir.

Tout le monde sait que Mme Dieulafoy fut une intrépide voyageuse, mais on sait peu en combien de pays sa curiosité insatiable la porta. Avant les fouilles de Suse, qui rendirent son nom célèbre avec celui de son mari, elle avait visité l’Angleterre et l’Italie, parcouru l’Égypte et le Maroc (1873 à 1878) et elle avait déjà séjourné en Perse pendant deux ans (1880-1881). Après l’exploration de Suse, qui occupa les années 1884 à 1886, elle alla en Belgique, Hollande, Allemagne, Portugal, enfin en Espagne où elle devait revenir souvent et où elle ne fit pas moins de vingt-trois séjours à des intervalles différents. En 1914 elle accompagnait de nouveau au Maroc M. Dieulafoy, nommé adjoint au Commandant supérieur du Génie militaire, et elle y contracta, dans une ambulance de Rabat où elle soignait des malades, les germes du mal infectieux qui devait l’emporter.

La production scientifique et littéraire de Mme Dieulafoy fut très abondante. Outre ses œuvres d’archéologie et d’histoire qui nous intéressent