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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/263

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LA LUXURE DE GRENADE

halluciné, il fixait ses yeux magnétisés sur une image de plus en plus précise.

Revenu à terre, il courut. Derrière les volets ajourés de la chambre d’Isabelle, il n’y avait pas cette lueur rose que faisaient les lampes à travers la pourpre des velours de Venise. Pourtant, se dit-il, elle ne pouvait s’être enfuie.

Il arriva à sa porte. Elle était fermée. Il l’appela par son nom. Sa voix était basse et cassée. Personne ne répondit. Il écouta anxieusement. Alors, avec les battements de son cœur dans sa poitrine, il perçut un léger souffle haletant qui venait de la chambre. Isabelle était là dans les ténèbres, elle grelottait de terreur.

D’un coup d’épaule, il renversa la porte. Il la chercha en tâtonnant et en disant :

— Pourquoi as-tu éteint les lampes ? Où es-tu ?

Elle répondit d’une voix mal assurée qu’elle essayait de rendre ferme :

— Qu’y a-t-il ? je suis là.

Il la sentit déshabillée et assise sur le lit. Tout de suite, elle jeta ses bras autour de son cou et répandit sa chevelure parfumée sur son visage comme si elle l’attendait depuis très longtemps. Elle n’osa pas dire :

— Enfin ! Te voilà !

Mais elle était langoureuse, chaude, presque pâmée, car la crainte est pareille au désir.

Alors il lui arracha brusquement sa chemise et il étreignit une créature anxieuse de savoir si elle allait recevoir l’amour ou la mort. Il l’avait renversée sous lui et, comprenant sa peur, il ne la détrompait pas.