Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
LA LUXURE DE GRENADE

ne vous inspire pas de sympathie, et il se mettait à marcher à grands pas, loin de lui. Il allait très vite. Il avait déjà gravi une haute montagne. Au bout d’un chemin infini, il retrouvait d’autres hommes qui semblaient l’attendre, dont Almazan ne distinguait pas le visage, mais qui portaient tous autour du cou le même emblème de la rose et de la croix. Almazan faisait un immense effort pour s’élancer et gravir cette montagne. Il sentait son corps lourd comme du plomb. Il ne pouvait pas bouger. Quelque chose de chaud, de puissant et de délicieux l’immobilisait.

Il se réveilla. Isabelle avait ses deux bras passés autour de ses épaules et son corps était collé contre le sien. Il sentait sur lui le mouvement de son ventre quand elle respirait et l’air embaumait de ce parfum humain dont sa vie était grisée.

Quelle chaîne solide faisaient ses minces poignets ! Comme elle était légère et lourde pourtant ! Ah ! non, celui qui avait cette chair tiède sur la sienne ne gravirait jamais la montagne.

Il l’étreignit avec ardeur. Elle riait de s’éveiller sous ses caresses. Comme le jour naissait, ils s’habillèrent et descendirent vers la mer. Tout était calme. Jamais Isabelle n’avait été aussi gaie. Au bas du jardin, il y avait un peu de sable qui formait une plage. Ils y arrivèrent et alors Isabelle déroula le long voile de cachemire dont elle était enveloppée, elle jeta ses babouches, disant qu’elle voulait se baigner. Quand elle fut nue, elle s’élança vers la mer. Mais elle revint aussitôt et elle appela Almazan.

Il y avait une masse informe que, sans doute, la marée avait jetée sur le sable et qui flottait encore