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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/280

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LA LUXURE DE GRENADE

avait des peurs subites. Elle se précipitait tout d’un coup vers la porte d’entrée de la maison, elle l’entr’ouvrait et elle regardait anxieusement dans la rue.

Depuis le matin, le canon ne retentissait plus, ni du côté des assiégés, ni du côté des assiégeants et ce silence avait quelque chose de sinistre. À un moment donné, Isabelle se blottit contre Almazan et elle le supplia, avec une voix enfantine, de la prendre et de la garder toujours avec lui. Et puis, tout d’un coup, elle s’était dégagée, elle essuyait ses yeux et elle écoutait encore des bruits de pas.

À la fin, il y eut au bas du jardin un clapotement d’eaux et un appel chuchoté. La mahone était là. Almazan prit le coffre d’Isabelle et ils descendirent. Ils avaient déjà pris place à côté des trois hommes quand Isabelle, légère, bondit à terre. Elle avait oublié le coffret qui contenait ses bijoux.

Elle disparut dans les lauriers. Elle ne redescendit pas. Les pêcheurs s’impatientaient. C’était au commencement de la nuit qu’il fallait tenter la chance parce qu’il y avait alors un va-et-vient de bateaux qui cessait ensuite.

Almazan remonta à grands pas les escaliers du jardin, puis ceux de la maison. Il alla jusqu’à la terrasse du toit. Il redescendit. Tout était désert. Le coffret de bijoux que, naguère, il avait remarqué sur le lit de la chambre, n’était plus là.

Alors, étreint d’un pressentiment, il s’approcha de la porte de la rue. Elle n’était que poussée. C’est par là qu’Isabelle venait de s’enfuir. Elle avait fui volontairement, car s’il y avait eu violence, elle aurait poussé un cri qu’il aurait entendu. Il se rappela ses