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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/281

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LA LUXURE DE GRENADE

dernières paroles d’amour. Quel mystère que le cœur des femmes !

Il retraversa le jardin. Les trois pêcheurs tenteraient la fortune sans lui. Il les serra dans ses bras. Tout était bien. Le Prophète les conduirait sains et saufs sur les rivages marocains. Lui demeurait. Il ne méritait pas la liberté.

À l’angle de la rue des Armuriers et du Marché, Almazan fut bousculé par un homme qui titubait.

— Ali Dordux vient de livrer la porte d’Abderame, dit-il. Les Espagnols sont dans la ville.

L’homme s’assit par terre, comme s’il allait faire un récit de l’événement. Mais il vomit un flot de sang et il commença à râler.

Almazan entendit un bruit de pas et d’armes qui s’entrechoquaient. Il n’eut que le temps de s’effacer contre une porte. Des soldats espagnols, tenant leur arquebuse par le milieu, couraient vers la rue des Bijoutiers.

Il y eut une détonation puis plusieurs autres et, de tous côtés, retentirent des rumeurs, des cris d’épouvante, et des bruits de hache qui frappaient le bois des portes.

Sans savoir où il allait, Almazan descendit la rue des Armuriers. Il avait la tête vide. Il ne souffrait pas et ne s’étonnait pas. Le malheur des autres était conforme à son propre malheur.

Au-dessus de lui, sur le balcon d’une maison de