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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/39

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LA LUXURE DE GRENADE

qui était entré le premier ne l’avait pas distingué sur la blancheur des draps et avait cru le lit vide.

Au fond de sa mémoire, Almazan tâchait de retrouver ce qu’il avait entendu dire à l’archevêque sur ce sujet.

Et tout d’un coup, il bondit vers la porte. Il venait d’être soudain frappé par une pensée. Le poison n’avait pas été absorbé par les aliments, il était dans l’air. Il le respirait. Il allait périr de la même mort que l’archevêque et son serviteur Pablo.

Mais il se ravisa. L’archevêque avait dû se douter de la manière dont un ennemi invisible tentait de l’atteindre et il avait ouvert toutes les portes et toutes les fenêtres pour purifier l’air. Les souffles qui animaient la vieille demeure Mauresque et en faisaient claquer les volets et les vantaux des portes comme des appels, avaient dû emporter la mystérieuse force mortelle.

Almazan s’approcha de la fenêtre et il respira largement. Puis il examina le volet de bois. Il y remarqua une étroite ouverture fraîchement faite, de forme ronde. Quelqu’un avait dû venir, au commencement de la nuit, sur la galerie donnant sur la cour, et avait percé ce trou, exigu en apparence, mais assez large pour permettre à la mort de passer. Le poison avait dû avoir un effet d’autant plus rapide que la chambre était hermétiquement calfeutrée. Sans doute, l’archevêque avait appelé Pablo, celui-ci était accouru et quelques minutes, peut-être quelques secondes avaient suffi pour qu’il respirât la même mort que son maître. Ni l’un ni l’autre n’avaient imaginé alors que la dose de poison absorbée était