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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/62

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LA LUXURE DE GRENADE

ces sublimes dieux servaient toujours de prétexte à de formidables scènes de possession collective. J’ai retrouvé dans des manuscrits byzantins la description des rites de certains mystères. À Mendès, on enfermait dans le temple, les nuits de printemps, cent jeunes filles avec le bouc sacré et il fallait, au matin, que les gardes vinssent avec des fouets pour les arracher aux délices qu’elles savouraient. À Byblos, on accourait de toute la Syrie pour participer aux initiations du culte de Cotyto que l’on a appelée la déesse de la lubricité mais qui était aussi celle de la pénétration intellectuelle, car ses prêtres enseignaient le moyen de se procurer l’extase divine par le spasme charnel. Il y avait des écoles secrètes à Alexandrie, à Memphis, à Héliopolis où l’on s’exerçait à la confusion des sexes par la confusion des étreintes et où, au bercement de certaines musiques et à l’ivresse de certains parfums, on trouvait un état de volupté idéale avec l’évanouissement de son individualité. Les Moabites et les Ammonites faisaient mieux encore dans leur adoration de Belphégor qui s’identifiait avec la planète Mars. Ils se couchaient par centaines, au soleil couchant, dans le sable du désert et quand le premier rayon de l’astre ensanglanté effleurait leurs corps, le grand cri de stupre qui emplissait le crépuscule envoyait leurs esprits vers le Dieu, ils se confondaient avec le Dieu. Le Rutrem des Hindous, qui avaient un lingam à la place du crâne, l’Atis des Chaldéens qu’on représentait avec un sexe féminin sur le front, l’Anahita des Persans dont le corps était recouvert de seins, exigeaient dans les rituels secrets les mêmes accouplements effrénés. Le culte chrétien