Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/136

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même dans les mers les plus profondes dont le fond étoit de vase, pour qu’il pût y faire la reconnoissance, & en désigner l’état. L’eau que cette vase troubloit d’abord par la chûte du boulet, s’éclaircissoit au bout de huit ou dix minutes, & laissoit au Plongeur la liberté de distinguer les objets jusqu’à trois cens pas de distance. Il est vrai que plus le volume d’eau qui le séparoit de l’air étoit grand, moins il avoit de clarté dans le fond ; cependant elle étoit toujours suffisante, surtout lorsque le soleil brilloit sur la surface des eaux, pour qu’il pût discerner les objets à une distance considérable.

Je vois, dit en cet endroit notre Philosophe, dont les yeux se trouverent alors attachés sur les miens, que vous desirez sçavoir si en ces occasions nos Plongeurs n’ont jamais essuyé de danger de la part des monstres marins, ou s’ils n’en ont pas vu d’une forme extraordinaire. Les poissons, continua-t-il, sont rares dans les mers profondes, & éloignées des terres qui leur fournissent leur nourriture. Les Plon-