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même mine, & à la même hauteur, sous les montagnes de la Lorraine Allemande au-delà de la Moselle, & sous d’autres montagnes du Bassigny & des pays voisins ; c’est-à-dire, dans l’étendue de plus de trente lieues. Il n’y a point de doute que ce lit si égal de cette vaste mine ne soit un dépôt que les eaux de la mer ont formé en ces lieux, lorsque toutes les montagnes dont elle est couverte n’étoient pas même encore commencées. Ce fait est justifié non-seulement par la vaste étendue de cette mine dont les bornes ne sont pas connues, par la qualité & l’épaisseur de son lit qui sont les mêmes dans tous les lieux où elle se découvre ; mais encore par le nombre infini de couleuvres de mer & de coquilles de Cornéamons qu’on trouve pétrifiés dans cette vase ferrugineuse.

Comment en effet ces animaux se trouveroient-ils pétrifiés sous ces épaisses & vastes montagnes dans le sable vaseux qui compose cette mine, s’ils n’y avoient vécu & s’ils ne s’y étoient multipliés ? Mais comment ont-ils pû y vivre, sinon en des tems