Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/274

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les routes que les eaux de la mer ont entretenues, servent de canal à toutes les eaux qui tombent sur la superficie du globe, pour se rendre ensuite à la mer. C’est ainsi, pour vous présenter un exemple connu de cette vérité, que le Vallon où coule aujourd’hui la Seine depuis sa source jusqu’à l’Océan, a été creusé par le flux & le reflux, qui continue encore à le creuser de même à son embouchure proche le Havre de Grâce. Que les eaux ne produisent pas aujourd’hui le même effet aux embouchures qui coulent à la Méditerranée, c’est parce qu’elles en sont empêchées par la barrière que l’Espagne & l’Afrique ont opposée à leur flux & reflux, & parce que les eaux resserrées dans un petit bassin, n’ont plus comme autrefois l’agitation qu’elles reçoivent dans des mers vastes du mouvement annuel du globe autour du soleil, & de son mouvement journalier sur lui-même. C’est ainsi qu’une eau resserrée dans un gobelet porté à la main n’est point sujette au même mouvement, que celle qui seroit portée dans un fort grand vase.