Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome II.djvu/141

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qui les en rendra plus voisins. Ils deviendront d’abord habitables, ensuite habités, jusqu’à ce qu’ils cessent de l’être, & s’embrasent totalement. Les globes opaques ou lumineux que renferme ce vaste univers, essuieront ces alternatives cent & cent fois : ils passeront successivement d’un de ces états à l’autre, en changeant de disposition & de tourbillon. Pour être cachées à nos yeux, ces vicissitudes n’en sont pas moins certaines, ni peut-être moins fréquentes dans cette immensité de globes, à laquelle notre imagination même ne peut atteindre. Il faut reconnoître, dit votre Poëte Lucrece, que la terre & la mer, le Soleil & la Lune, tout ce qui existe en un mot n’est point unique, mais plutôt que leur nombre est innombrable, & qu’il y a d’autres globes terrestres que le nôtre, qui sont habités par autant d’autres générations d’hommes & d’animaux. C’est ce que ce Philosophe a compris, sans être arrivé à la juste connoissance de la manière dont ces globes se perpétuent les uns par les autres.