Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome II.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’eau pour tâcher, à ce qu’il sembloit, de faire tomber la figure. On attacha une moruë à une corde, & on la laissa pendre à côté du vaisseau. Il la prit & la mania, sans la rompre.

Il nagea ensuite au vent du vaisseau environ la longueur d’un cable ; & passant par derrière, il prit de nouveau le gouvernail. Le Capitaine ayant fait préparer un harpon, essaya lui-même de le harponner ; mais parceque le cordage n’étoit point paré, il manqua son coup. Le manche frappa seulement sur le dos de l’homme marin, qui à ce coup prêta long-tems le visage au Capitaine, comme il avoit fait au Contre-Maître, & avec les mêmes gestes. Après cela le monstre repassa à l’avant du navire, & s’arrêta encore à considérer la figure ; ce qui engagea le Contre-Maître à se faire apporter le harpon. Mais craignant que cet homme marin ne fût la vision d’un matelot nommé la Commune, qui l’année précédente le 18. du même mois d’Août s’étoit défait à bord du vaisseau, sa main tremblante adressa mal le coup, en sorte que pour la troisième fois le