Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/118

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étaient attachées les armes de main, sous leur fourreau de velours vermeil, le « Kouttar », ce large et court poignard dont la poignée est en façon d’étrier, et le cimeterre courbe, à garde circonflexe, dont le pommeau s’évase en cupule et se surmonte d’une bielle d’attache où passent ces glands d’un si beau travail que l’on fabrique au Bengale. Tous ces gens étaient chaussés de babouches crochues dont le bec se terminait par une houppe de soie. Entre ces garnisaires de si belle mine, couverts de satins ou de damas éclatants, s’avançait un objet étrange, un meuble, ce semblait, un meuble long, étroit, pareil à une haute table habillée d’une housse en lampas cerise à liteaux d’or. Mais c’était une table qui marchait. Au vrai, il y avait sous ce poêle cinq ou six femmes environ, qui se suivaient, serrées, à la file, ainsi abritées contre les regards indiscrets. On devinait, plus qu’on ne distinguait leurs pieds blancs chargés d’anneaux et de bagues.

Retenu par cette réserve, que je n’ai jamais manqué de garder dans tous les pays asiatiques, au public comme au privé, je ne m’approchai point du cortège. Tout disparut dans un Avagon réservé dont les stores de vétiver étaient soi-