Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/126

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le matériel de préparation, les outils, les boîtes, les étuis, sont autant d’objets qui les intriguent. Le petit phare à acétylène dont la lumière blanche sert à attirer les insectes nocturnes, les intéresse particulièrement. Toute la ville en parle. Et ces braves gens dissimulent à grand’peine leur dégoût devant ces dépouilles d’animaux, ces ossements qui pendent aux murs, ces bocaux pleins de scorpions, de mille-pieds, de crabes, de bêtes étranges dont ils ne soupçonnent point l’existence. Ces caisses grillagées, où broutent des chenilles en élevage, leur apparaissent comme le comble du ridicule. Quant aux loupes, aux scalpels, aux réactifs, si j’écoutais certains, je devrais leur faire des conférences, des leçons, m’établir chef de travaux pratiques, ouvrir un cours… Je les congédie avec des vagues promesses.

Les indigènes que je vois entrer avec le plus de plaisir sont les hommes des champs. Ceux-là m’apportent des animaux. Ils déballent sur la natte du plancher le contenu de leurs corbeilles : des serpents s’échappent en sifflant, les najas gonflent leur cou, l’élargissent en palette, se dressent, dardent leur langue, se balancent comme s’ils se livraient à une danse