Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/135

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milliers, le pénitent, qui dressait le buffet, n’aurait que l’embarras du choix. Grande est votre erreur. Les affamés professionnels savaient que la quantité des pénitents aumôniers était considérable. Ils supputèrent donc les festins à consommer : cette fête de Maïlom réunissait, en effet, des centaines de pèlerins qui s’étaient engagés à nourrir — chacun pour une fois — de cinquante à soixante pauvres. L’offre, en un mot, dépassait la demande.

Insensibles aux montagnes de riz d’où montaient les vapeurs du gingembre, du coriandre, du tamarin, que sais-je encore ! — les indigents étaient la, assis en longues files, sur leur derrière, drapés avec dignité dans un semblant de pagne, ou même en l’état de complète nudité. Ils se seraient plutôt laissé mourir de faim que de toucher aux victuailles du pénitent qui ouvrait la série. Et celui-ci, désolé, voyant tout le bénéfice de ses offrandes s’envoler avec la fumée de ses plats, se décida à offrir aux pauvres récalcitrants une roupie par tête, pour qu’ils consentissent à se nourrir. Mais les jeûneurs par spéculation mirent leur estomac aux enchères. Le pénitent dut payer plusieurs roupies à chacun des dîneurs. Alors seulement ils