Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/136

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condescendirent à manger. La manœuvre avait trop bien réussi pour ne pas continuer. Ce fut la ruine pour les dévots.

Un autre Hindou m’a affirmé qu’il n’en allait pas autrement de ses concitoyens convertis au christianisme. Une riche Indienne, catholique, ayant contracté le vœu de nourrir des pauvres à l’occasion de la fondation d’une chapelle qu’elle érigeait de ses deniers, dut payer une grosse somme au syndicat des pénitents du lieu afin de trouver qui s’assouvirait avec son riz. On a dit que jadis, dans la très vieille Inde, quand un créancier ne pouvait rien tirer de son débiteur, il s’installait devant la porte du mauvais payeur et dénonçait sa ferme intention de se laisser mourir de faim, sur la place, si on ne lui donnait pas satisfaction. On dit même que certains de ces harpagons hindous allèrent jusqu’à exécuter leur menace. Ils périrent d’inanition sur le seuil de leurs obligés, qui furent déshonorés pour jamais.

C’est Soupou qui me conte ce dernier trait, en soupirant sur la dureté des temps. Notre « pousse » — ainsi appelle-t-on, à Pondichéry, ces légères voitures que deux ou trois coolies poussent par derrière, tandis que l’on se dirige