frère, personnage invisible, gouverne despotiquement le caravansérail. Je ne puis plus rien obtenir des domestiques que je suis obligé, à jour fixe, de menacer de mort violente, pour avoir du pain à ma suffisance et de la glace pour un seul repas. Je me suis même résigné, de guerre lasse, à acheter ce dernier article de mes deniers. Ce sont mes domestiques particuliers qui font le ménage, lorsque Soupou, quoique établi à Madras, ne les emploie pas à ses propres affaires, sous un prétexte ou un autre. Le seul Cheick Iman demeure incorruptible. Mais comme il remplit auprès de moi des besognes officielles et quasi administratives, je ne le vois qu’à certaines heures.
Les quatre heures qui s’écoulent entre le déjeuner et la reprise de la vie, vers le coucher du soleil, se passent pour moi dans la solitude. J’en profite pour me livrer en paix à mes minutieux travaux de laboratoire. Je trie, je prépare les animaux que j’ai pu me procurer au cours de mes excursions du matin. Puis, quand l’ombre a gagné un coin de la cour, j’y transporte mon fauteuil, et j’observe, en fumant tranquillement ma pipe, les êtres qui circulent sur le mur qui borde mon horizon.