Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/232

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l’exemple des grandes divinités des vieilles pagodes. Ce sont œuvres de potier. Les industrieux cossowers ont modelé et cuit ces idoles champêtres sur place, ou bien ils les ont édifiées, à l’instar des vieux colosses égyptiens, avec des briques disposées par étages, assemblées à chaux et à sable, et dont les arêtes ont été savamment adoucies. Crépits et peints de couleurs assez solides pour résister à l’eau du ciel et à l’ardeur du soleil, ces grandioses épouvantails valent surtout par le caractère de la silhouette. Qu’il fait bon voir, au soleil couchant, ces escadrons monstrueux se profiler à l’horizon, comme s’ils sortaient de la terre avec les vapeurs du soir ! Le respect superstitieux que portent les Hindous au grand cavalier de la nuit s’accroît encore lorsque à la clarté blafarde de la lune ces figures massives, coupées de rouge et de noir sur leur blancheur de craie, semblent s’agiter confusément et commencer leur marche en avant. C’est l’heure où Aïnar, gardien des fruits et des biens de la terre, parcourt son domaine, galopant par les rizières, les champs et les jardins, suivi par toute sa cavalerie de pions, la main prête à étrangler les maraudeurs et autres vagabonds qui abondent en mauvais desseins.