saint Michel des bougies sans nombre ; les brahmanistes ne se font faute de les imiter. Mais leurs dévotions s’adressent au démon qui porte l’insigne de Vishnou. Ainsi s’établit une tolérance réciproque qui s’achemine, peut-être, vers un syncrétisme indo-chrétien tout pratique. La largeur d’esprit d’Ackbar aurait certainement mieux réussi dans l’Inde que le fanatisme sauvage d’Aureng-Zeb, d’Hyder-Ali et de Tippou-Saïb. Mais cette largeur d’esprit devançait son temps. Ce temps fut celui où l’inquisition de Goa envoyait au bûcher les Hindous christianisés, hérétiques de fait, mais inconscients de leur état ; celui où un légat du Pape, prétendant obliger les convertis à renoncer aux signes extérieurs du paganisme, amenait, au XVIIe siècle, 54 000 apostasies parmi les chrétiens ; celui où les Portugais dépassaient en fureur iconoclaste les musulmans les plus exaltés ; celui même où la femme de Dupleix, fidèle à ses origines lusitaniennes, obtenait de la faiblesse infatuée de son mari la permission de ruiner, à Pondichéry, en 1748, le grand temple de Vishnou Péroumale. Cette action compte parmi les plus impolitiques de Dupleix et aussi les plus blâmables. Car il oublia, ce jour-là,
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Apparence