Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/286

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pied dans une grande cour carrée. Tout autour règne un cloître à arcatures de plein cintre qui soutient l’étage. Face à la porte, un péristyle à colonnes, mandapam du type dravidien, précède un vaste corps de logis dont tous les jours sont aveuglés par des vantaux massifs ou des persiennes à lames serrées. Nous entrons à peine, et le troupeau de femmes et d’enfants, qui musait dans l’enceinte avec les vaches et les chèvres, se disperse à grands cris, objurgué, poussé, chassé par des serviteurs. Tout bondit, trotte, piaille, bêle ou mugit, s’appelle. Des marmots tout nus tombent, hurlant d’épouvante, parmi les poules, les poussins et les cabris, les chats aussi qui galopent, les chiens qui grondent et les corneilles qui croassent et s’envolent. C’est la déroute, la fuite éperdue d’un harem, dans une ville forcée. Vivement on se réfugie sous le cloître. À l’abri favorable d’un pilier on a beau voir sans être vu, on peut cracher sur la dalle en signe de scandale, et dévisager, à distance respectueuse, les méprisables intrus d’Occident, coiffés du casque blanc, et qui ne viennent que pour opprimer, vexer, inquiéter le maître du lieu, sans égard pour sa famille. Telles sont, je présume, les