Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/29

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Lesseps. Au temps où l’isthme de Suez servait de voie de terre, les vautours ne voyaient point leur attente frustrée.

À mon grand regret, je ne pus observer longtemps mon Gyps fulvus. Le paquebot, un instant arrêté, se remit à marcher. Tout s’obscurcit sous le vent qui chassait le sable, brusquement. Nous fûmes pris dans un nuage de poudre roussâtre, et la température, douce jusque-là, devint étouffante. Cela nous présageait une mauvaise traversée de Mer Rouge. Il n’en fut rien. Nous eûmes des nuits presque fraîches. Puis dans l’Océan indien la mousson nous prit, nous berça sous des torrents de pluie. Mais quelques éclaircies me valurent de curieux spectacles. Je pus voir, avant d’atteindre aux Laquedives, une flotte d’argonautes. C’est chose plaisante que ces coquilles pales s’avançant par rangs, toutes voiles déployées, telle une escadrille de galères. Les légers mollusques prennent le vent au moyen de leurs bras véliformes, mais ils ne font que s’en aider. Au vrai, ils progressent à la surface des flots par bonds, d’avant en arrière, en rejetant l’eau par leur entonnoir. Ou bien ils rament au moyen de ces mêmes bras élargis. Vienne le