voyageur et le touriste est dans ce que le premier doit rapporter des objets, tandis que le second n’est tenu, en somme, qu’à rapporter des impressions d’autant plus vagues qu’elles sont plus personnelles, ou même à ne rapporter rien du tout, s’il le juge bon.
Le système de voyage devient donc pour eux radicalement différent. L’un doit avoir un bagage énorme, un domestique considérable, un matériel de campement. L’autre s’en va, une simple valise à la main, de Marseille à Darjeeling par les étapes indiquées. Il connaîtra Agra, dont le Taj fut bâti par des Italiens dirigés par un Français, Delhi où se dresse le pilier du roi Dhava, Bénarès cher aux amateurs de foules, Luknow, Djeypour, d’autres villes encore que je ne verrai jamais, pour ma part... Le touriste vole comme l’oiseau, le savant marche lourdement, comme la tortue, et le poids de son bagage va toujours s’augmentant, tant les plus petits animaux, convenablement emballés, arrivent à occuper de place. En outre, comme voyageur, il ne visite guère que les endroits déserts et sauvages qui rebutent la majorité des gens. Les routes battues ne sont pas les siennes : s’il en profite, c’est pour gagner plus vite les