lées ombreuses où le sol humide, spongieux, manque sous le pied. De chaque feuille des arbustes s’allonge vers vous une petite sangsue verte et brune, à raies jaunes [Hœmafodipsa zeylanica], qui s’attache aux vêtements, passe sous eux, se fixe sournoisement à la peau et ne se laisse tomber qu’une fois gorgée de sang. Ces minuscules vampires, semblables à une chenille arpenteuse, entament la peau avec un tel art, qu’on ne sent point leur attaque. La morsure n’est pas douloureuse. Et si le sang ne continuait pas de couler après que la perfide créature vous a quitté, on ne s’apercevrait pas du dommage.
Combien de fois, jadis, dans les forêts de Java et de Sumatra n’ai-je pas été victime de ces sangsues ! Aujourd’hui, leur ponction m’est presque agréable, pour me rappeler ces solitudes magnifiques que je ne reverrai jamais plus, pour cette raison surtout que les défrichements du planteur détruisent de jour en jour ces superbes forêts vierges dont les lisières me fournirent tant de remarquables spécimens d’animaux rares et curieux.
Je dis les lisières, car, et vous le savez tout comme moi, dans les forêts vierges, on ne