Aller au contenu

Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naturelle l’eût cloue au sol. Le quadrige de chevaux sculptes, peints et dorés à neuf, qui se cabrait à l’avant, dans le vide, augmentait, par son allure violente, le fâcheux effet de cette panne. Le chef des brahmes, frappant en vain son front démesurément découvert par le rasoir, prodiguait les ordres. Le char refusait d’avancer. Ses dimensions égalaient, je dois vous le dire, celles d’une petite maison à trois étages, le dernier, effilé en clocheton, ajouré de fenêtres arquées, servait de demeure à un brahme. Ainsi perché, ce brahme soufflait dans une trompette de cuivre, tel Spendius dans l’hélépole que les mercenaires poussaient contre les murailles de Carthage. Mais le bétail humain attelé au char de Çiva n’obéissait pas en mesure aux accents du clairon. Les gens occupés à tirer se retournaient sans cesse pour voir si l’on poussait de l’arrière ; ou ils s’écartaient en tirant, emmenaient les cordes, si bien que l’édifice roulant, tiraillé dans des directions contraires, allait de côté, reculait. Alors les traîneurs s’arrêtaient, secouant la sueur qui ruisselait de leur torse. Les brahmes, en quête de renfort, couraient, un bâton à la main, mais le public s’enfuyait devant eux. Et s’ils étaient