Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/82

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assez heureux pour racoler par la persuasion quelques auxiliaires bénévoles, on voyait ces dévots se dérober après avoir un peu touché les cordes du char, ne tenant pas sans doute à se mêler aux corvées que les municipalités fournissent pour ce roulage liturgique.

Irons-nous, comme jadis, organiser le halage, distribuer le blâme sous forme de coups de canne, l’éloge sous forme de bourrades ?… Mais les autorités locales m’entraînent vers la mairie : les bayadères attendent, avec Chanoumougamodélyar en personne, et nous ne pouvons décliner l’invitation. Nous voici donc assis sur des chaises sous la véranda de la mairie. La petite bâtisse n’a rien qui fasse reconnaître sa signification officielle, la présence de Chanoumouga suffit toutefois aujourd’hui à l’illustrer. Le chef du service judiciaire qui se trouve là s’étonne du peu de déférence que je montre à l’endroit du grand électeur de l’Inde : « Eh quoi, Monsieur ! Ne savez-vous pas que Chanoumouga est l’Indien le plus considérable de la colonie ? — Oui, Monsieur, je ne le sais que trop. Souffrez que, pour moi, ce propriétaire du suffrage universel demeure au rang subalterne qu’il mérite d’occuper. Oui, Monsieur, je