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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/88

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de la selle, mais la bête va au pas, et un saïs la tient par la figure. Suivent des brancards où sont disposés des flambeaux par centaines. La route en est éclairée jusqu’au plus prochain tournant. Au milieu de ces flambeaux voici des grands palanquins rutilants où sont appliqués des figures, des déesses, des dieux, des génies, tous de dimensions colossales. Puis le palanquin de la mariée, véritable temple suspendu, rehaussé de brocart, de clinquant, de verroteries, de fleurs. Il oscille sur les épaules de cinquante hommes, peut-être. Et sur le trône d’orfèvrerie, encadrée par les arcatures légères, la mariée accroupie, figée dans une attitude de statue, lourde de joyaux, casquée de jasmin. C’est une toute jeune enfant. Sa figure ovale, couleur chamois, s’éclaire brusquement en rouge. Les inévitables feux de Bengale enflamment l’air, et le palanquin s’éloigne comme s’il flottait sur une mer de feu.

Nous reprenons notre route, emportant nos guirlandes, et bientôt nous en recevons encore. Dès l’entrée de la pagode, les Brahmes nous accueillent ; nous disparaissons sous le jasmin. Cette fois la fête religieuse se donne sur l’eau. L’étang sacré, réfléchissant les flammes des pots