Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/89

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à feu, montre ses séries de gradins, ses portiques en cloître, fourmillant de peuple. Têtes noires, vêtements blancs, roses, écarlates, s’éclairent aux lueurs dansantes de mille torches. L’eau sombre se moire de longues traînées d’or. Assis à l’angle du grand perron, je ne perds rien de l’embarquement des dieux sur le radeau. Ses charpentes sont façonnées en manière de temple. Vraie pagode flottante, il possède son haut portique pyramidal, son gopura étage, son sanctuaire avec l’autel carré où l’on dépose en grande pompe l’image de la déesse Parvali, Kochliamballe, pour mieux dire ; c’est en son particulier honneur que l’on donne cette fête nocturne ; c’est elle qui va être promenée sur le radeau. Voici une occasion bonne entre toutes pour les buccinateurs sacrés. L’air est déchiré par les stridentes fanfares. Si les divinités pouraniques n’accourent point à cet appel, il faut désespérer de leur bienveillance. Des porteurs de pots à feu se groupent, et un pion de police, reconnaissable à son costume occidental de coton blanc, à son ceinturon noir, à son turban rouge, prend pied sur le radeau où il représente le bras séculier, l’administration des cultes. Près de moi le commissaire de police de Villenour, un magni-