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sont adjointes celles des épreuves des autres contes du volume (moins "Le Roi-Lune") avec les corrections d’Apollinaire. Les pages sont de 25 cm x 15 cm,5. Ce manuscrit est important en ce sens qu’il ne doit pas en exister d’autre du même ouvrage, Apollinaire ayant eu à cette époque l’habitude de dicter. Comme je crois vous l’avoir dit, les surcharges et modifications de sa main sont innombrables et toujours elle permettent de suivre sous la rature le texte primitif, très sensiblement plus long que celui qui a été publié. Certains chapitres font l’objet de développements qui permettent de se faire une idée de la méthode d’élaboration particulièrement difficile à dégager de la version définitive. Il est aussi d’un grand charme de consulter les passages rayés, dont certains détonnent par leur naïveté sentimentale, avec le reste de l’ouvrage. Enfin des pages entières sont autographes. Le chapitre XII (Amour), poétiquement un des plus émouvants du livre, se présente ici avec des variantes et des chutes considérables (21 pages d’écriture serré pour 13 pages du livre). Je me déferais de cette pièce contre deux mille francs.

Pardon, cher Monsieur Gaffé, de vous imposer la lecture d’une si longue lettre. Je corrige les épreuves des "Vases communicants" qui paraissent le 15 novembre. Il m’importe infiniment de connaître bientôt votre opinion sur ce livre, à mes yeux le plus important que j’ai écrit.

A très bientôt, j’espère, de vos nouvelles. Croyez à plus affectueux dévouement.

André Breton.