Page:Mairet - Marca.djvu/107

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d’assez bonne grâce. D’avance elle savait très bien ce qu’elle comptait faire ; on lui avait déjà dit qu’il était question pour Laure du « petit des Granges », comme on l’appelait ; c’était un jeune homme assez insignifiant, mais vicomte, mais riche, mais ayant des espérances. Laure ne l’avait encore vu qu’en photographie ; l’affaire était pourtant bien en train ; restait la question de la dot qu’on trouvait mince, étant donné le train de maison du baron Jean.

Véra le laissa manœuvrer, s’amusant de sa tactique qu’il croyait habile, et que sa clairvoyante belle-sœur trouvait un peu enfantine. Aux jérémiades succédèrent les insinuations, aux insinuations certains retours au passé, des allusions aux droits de la famille… Véra souriait toujours ; ce jeu l’amusait. Enfin elle en eut assez, et annonça sa résolution : doubler la dot de Laure, ce qui lui mettrait un joli petit million entre les mains. Jean réfléchit un instant, puis il dit :

— Dans ces conditions-là, je pense que nous pourrons continuer les négociations déjà commencées. Votre esprit de justice vous poussera, sans aucun doute, à faire pour les deux autres ce que vous voulez bien faire pour Laure.

— Je ne m’engage à rien — mais c’est probable. Quant à Maxime, j’ai mes vues sur lui.

À ce moment, Maxime s’approchait du groupe et saisit les derniers mots.